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architecture, art public, cocktails, cuisine mexicaine, magasinage, restaurant
Je n’avais que trois soirées devant moi dans la capitale de l’Ontario, et je comptais bien profiter de la première même si mon vol atterrissait à 18h à l’aéroport Pearson. Avec l’UP*, le train express Union-Pearson, j’étais en mesure d’arriver au centre-ville à 18h45. Puis, une marche de 25 minutes par l’Esplanade me permettait d’atteindre le Distillery District pile pour l’heure du souper.
À vrai dire, visiter le Distillery District de Toronto par un jeudi soir de septembre, c’était le plan parfait : encore assez de chaleur pour manger dehors, peu d’attente au restaurant, absence de touristes dans ses photos, etc. Mon horaire m’a même permis de bénéficier d’un coucher de soleil sur le skyline et de l’heure bleue dans le district.
El Catrin Destileria
J’avais choisi de faire une halte au district notamment en raison du nom évocateur, mais aussi parce qu’un restaurant avait retenu mon attention : El Catrin Destileria. Même si je m’étais laissé le loisir de changer d’idée au cas où un autre établissement du coin me ferait de l’œil une fois rendue sur place –je n’avais pas fait de réservation–, la perspective d’un repas réconfortant et la vue de la terrasse m’ont convaincue de l’essayer.

En plus d’être stylées, les lampes géantes d’El Catrin sont des chauffe-terrasse qui permettent d’en prolonger l’utilisation.
Pour qui est déjà vendu à la cuisine mexicaine, le menu est irréprochable. À deux, on commencera par la guacamole de la casa et une seconde entrée à partager –esquites, ceviche, tamales, etc.–, avant de poursuivre avec une assiette de tacos… par duo de convives. Car on ne voudrait pas atteindre la satiété avant l’arrivée des churros, servis avec leur décadent trio de garnitures (confiture de fraise, caramel et sauce au chocolat) ! Un tel éventail de mets savoureux présente en effet le danger d’avoir les yeux plus grands que la panse. Pour ceux qui sont moins à l’aise avec le partage d’assiette, je recommanderais d’opter pour une entrée et un plat principal par personne, avec le dessert en option pour les plus gros appétits.
Il faut en outre faire honneur à l’endroit en accompagnant ses plats d’un cocktail à base de tequila ou de mezcal. Bien que je ne sois a priori pas une grande amatrice de ces alcools mexicains, le nectar d’agave contrebalance bien l’amertume du jus de citron, très prisé dans la mixologie locale.
Bilan : l’établissement se vante d’offrir une expérience d’inspiration mexicaine et c’est réussi.
Le district : entre cachet et superficialité
Le pâté de maison correspond aux installations de l’ancienne distillerie Gooderham & Worts, aménagées dans les années 1860. L’ensemble de style victorien comprenait une meunerie, une laiterie, des entrepôts et, évidemment, de quoi produire et exporter du whisky. La prohibition ontarienne a donné un coup dur à l’entreprise pendant la Première Guerre mondiale, mais ce n’est qu’en 1990 que la distillerie a définitivement cessé ses opérations. On doit le projet de redéveloppement à un promoteur privé, au début des années 2000.
En considérant seulement l’architecture de l’endroit, son côté historique ainsi que sa vocation artistique, le Distillery District constitue un véritable attrait. Cependant, à la façon du Vieux-Québec et même si les franchises de grandes chaînes y sont plus ou moins interdites, il est peuplé de boutiques et de commerces qui visent nécessairement le touriste : Desigual, John Fluevog, Floorplay Socks, comptoirs à café, à crème glacée et à nouilles, bijouteries, galeries d’art, etc.
Bien que quelques commerces soient réellement originaux et intéressants, on ressent un manque d’authenticité exacerbé par le type de clientèle qui parcourt les lieux et son mode de consommation. Étant repassée le samedi après-midi pour voir l’ambiance de jour, je me suis sentie un peu comme au centre commercial pendant la semaine de relâche (!). J’ai réalisé à quel point mon expérience paisible du jeudi soir avait été exceptionnelle, c’est pourquoi, si vous aimez profiter seul d’un endroit, je conseille une visite après 17h, lorsque la plupart des magasins ont fermé leurs portes.
D’ailleurs, le soir venu, les promoteurs ont mis le paquet pour créer des ambiances uniques pour les rares convives. Et, malgré le caractère un peu faux de certains décors comme le jardin couvert de chez Cluny (bistro français), on ne peut s’empêcher d’admirer l’effort.

Typiques des sites touristiques, les œuvres d’art public donnent pourtant vie aux lieux qu’elles habitent.

Bien que contrastant avec le niveau de cuisine servie, le cadre de chez Cluny est presque romantique une fois les groupes d’adolescents bruyants retournés à leur chambre d’hôtel pour la nuit.

L’enseigne de la distillerie Gooderham & Worts (en arrière-plan) est un des principaux témoins de la vie antérieure de l’endroit.
Détails pratiques :
- *Se rendre au centre-ville depuis l’aéroport Pearson : train express vers la gare Union au centre-ville, un départ toutes les demi-heures entre 4h55 et 1h, le trajet dure 25 min et coûte 12,35$ CAN l’aller. Achat en ligne ou sur place.
- Le Distillery District est réservé aux piétons. De toute manière, il y a difficilement meilleur moyen pour se déplacer à travers la ville que de combiner la marche et le vélo (j’y reviendrai). Le centre-ville de Toronto est assez dense pour qu’on le traverse d’est en ouest en 35 minutes, à deux roues!
- En lien avec le point précédent, il vaut mieux voyager léger pour être en mesure de se promener à vélo. Exit la valise sur roulette, bonjour le sac à dos!
- Pour une expérience complète chez El Catrin, prévoir un budget d’environ 50 $ par personne incluant les taxes et le pourboire. Il est à la fois facile de s’en tirer pour moins cher en se contentant des plats de tacos à 12 $, ou de vider son portefeuille avec les plats plus sérieux à 30 $ et les cocktails tournant entre 13 et 18$.